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ainsi, il est clair que le mouvement n’existe pas moins, puisque le temps n’est qu’un mode et une affection du mouvement lui-même.

Le raisonnement qui vient de nous prouver que le temps n’a pas pu commencer, doit nous prouver aussi qu’il ne peut pas finir, et qu’il est indestructible. De même qu’en cherchant à expliquer l’origine du mouvement, on arrivait à cette conclusion nécessaire qu’il y a un changement antérieur à ce changement qu’on prétendait être le premier, de même il faudra supposer, dans ce nouveau cas, qu’il y a un changement postérieur même à ce changement qu’on croit le dernier ; car ce n’est pas du même coup que le moteur cessera d’être moteur, et le mobile d’être mobile ; l’un pourra toujours agir, et l’autre pourra toujours souffrir l’action, même après que l’acte de l’un et de l’autre aura cessé. Un objet combustible cesse de brûler, si l’on veut ; mais il n’en reste pas moins combustible, bien que d’ailleurs il puisse fort bien n’être pas brûlé. L’objet capable de mouvoir cesse de mouvoir à un certain moment donné ; mais il n’en est pas moins capable de mouvoir encore. Que si, au lieu de prendre un simple changement de transformation, on veut considérer un changement où la chose est détruite, et qui, par conséquent, serait bien le dernier, l’impossibilité reste la même ; car le destructible, avant d’être détruit, devra être détruit par quelque chose, et ce quelque chose subsiste encore après lui, puisque la destruction est une espèce de changement.

Toutes ces impossibilités ne sont que trop réelles, et il est de toute évidence que le mouvement, éternel comme il l’est, ne peut pas tantôt être et tantôt n’être point.