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science, c’est-à-dire que quand on sait un des deux contraires on sait aussi l’autre du même coup. Cependant il y a, même dans l’exemple que nous citons ici, quelque chose d’analogue à ce double effet ; sans doute le feu ne refroidit jamais ; mais, quand il est absent, son absence refroidit, de même que le froid échauffe par son absence, et que celui qui sait une chose peut, par erreur volontaire, employer à rebours la science qu’il possède.

D’ailleurs, ceci n’empêche pas nécessairement que toutes les choses qui sont susceptibles d’agir, de souffrir, de mouvoir ou d’être mues, n’agissent pas toujours et dans tous les cas selon leur capacité propre. Il y faut eu outre certaines conditions, et, par exemple, qu’elles soient en contact les unes avec les autres. C’est en se rapprochant que l’une donne le mouvement, et que l’autre le reçoit, et qu’elles s’arrangent de telle façon que l’une puisse être mue et que l’autre puisse mouvoir. Si donc le mouvement n’a pas toujours eu lieu, s’il n’est pas éternel, c’est que les choses n’étaient pas disposées de telle façon que l’une pût recevoir le mouvement qu’une autre pouvait lui communiquer. Il a fallu que l’une des deux tout au moins vint à changer ; car c’est là une nécessité absolue pour tous les relatifs ; et le moteur et le mobile sont des relatifs. Ainsi, par exemple, une chose qui n’était pas antérieurement le double d’une autre en est actuellement le double ; il faut absolument que l’une des deux tout au moins, si ce n’est toutes les deux à la fois, aient éprouvé quelque changement. Par conséquent, avant ce changement qu’on croyait le premier, puisqu’on faisait commencer le mouvement, il y aura eu un autre changement qui l’aura précédé.