Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/503

Cette page n’a pas encore été corrigée

et de fin, doit-on dire que le mouvement n’a point eu de commencement, et qu’il n’aura point de fin ? Doit-on penser qu’il a toujours été et qu’il sera toujours, immortel, indéfectible pour tous les êtres, et comme une vie qui anime tout ce que la nature a formé ?

Tous ceux des philosophes qui ont étudié la nature et qu’on peut appeler des Physiciens, s’accordent unanimement à admettre l’existence du mouvement, parce qu’ils se sont tous occupés de l’origine du monde, et que toutes leurs théories roulent sur la génération et la destruction des choses, lesquelles ne peuvent être si le mouvement n’est pas. Lors même qu’on soutient que les mondes sont infinis, et que les uns naissent tandis que les autres s’éteignent et périssent, on n’en admet pas moins l’existence éternelle du mouvement ; car les mondes ne peuvent naître et périr qu’à la condition nécessaire du mouvement. Les philosophes mêmes qui n’admettent qu’un seul monde, et qui ne le supposent pas éternel, font également sur l’existence et la réalité du mouvement des hypothèses conformes à leurs systèmes.

Lorsqu’on suppose que le mouvement n’est pas éternel, et qu’il y a eu un temps où il n’existait point, il n’y a que deux manières de comprendre cette opinion : ou comme Anaxagore, il faut dire que, toutes les choses ayant été confondues et ensevelies dans le repos durant un temps infini, survint l’Intelligence qui leur a communiqué à un certain moment l’ordre et le mouvement ; ou bien avec Empédocle, il faut penser que les choses sont tantôt en mouvement, tantôt en repos ; qu’il y a mouvement quand de plusieurs choses séparées l’Amour n’en fait qu’une seule, ou que d’une chose unique la Discorde en fait plusieurs ;