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deux forces produiront un égal mouvement dans un temps égal.

Du reste, il ne faut pas croire que si E moitié de A peut mouvoir F moitié de B, de l’espace C dans le temps D, il en résulte nécessairement que E puisse aussi mouvoir le double de F dans un temps égal et de la moitié de C ; car il se peut fort,bien que la puissance qui peut mouvoir la moitié d’un mobile, ne puisse pas toujours et nécessairement mouvoir le mobile entier. Réciproquement, si A meut B dans un temps D d’une quantité égale à C, il est clair que la moitié de A représentée par E ne pourra pas mouvoir B dans le temps D. Cette moitié de la puissance ne pourra même pas peut-être faire parcourir au mobile une partie de C, ou telle partie proportionnelle qui serait à C tout entier comme A est à E ; car il se peut dans ce cas qu’il n’y ait pas du tout de mouvement. Si par exemple, il faut la force tout entière pour mouvoir tel poids, la moitié de la force ne pourra produire aucun mouvement, ni d’un intervalle quelconque, ni dans une proportion quelconque de temps ; car autrement il suffirait d’un seul homme pour mettre un navire en mouvement, si l’on pouvait ainsi diviser la force de tous les matelots, soit relativement au nombre, soit relativement à la distance que tous réunis ont pu faire parcourir au bâtiment en combinant leurs efforts.

Ceci fait bien comprendre l’erreur où tombe Zénon, quand il prétend qu’une parcelle quelconque d’un boisseau de grains doit faire du bruit en tombant, parce que le boisseau entier en fait quand on le laisse tomber. Il est clair qu’une parcelle est toujours hors d’état de remuer à elle seule cet air que meut le boisseau entier ;