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Ceci nous mène à comprendre à quelles conditions les objets sont comparables. Ces conditions sont au nombre de deux : d’abord, il faut que ces objets ne soient pas homonymes ; et, en second lieu, il ne doit y avoir de différence, ni dans l’objet lui-même, ni dans l’espèce à laquelle on le rapporte. Je m’explique, par un exemple, et je prends celui de la couleur. Sans doute, la couleur est susceptible de différences et de divisions ; mais, sous ce rapport général, les objets ne sont pas comparables, et l’on ne peut pas se demander si un objet est plus coloré qu’un autre. Mais il faut spécifier la couleur, au lien de n’en parler qu’en tant que couleur, et dire, par exemple, que tel objet est plus ou moins blanc que tel ou tel autre.

En appliquant ce principe au mouvement, nous verrons quels mouvements sont ou ne sont pas comparables entre eux. On dit, en effet, de deux mobiles qu’ils ont une vitesse égale, lorsque, dans un temps égal, ils parcourent une égale distance, qui a telle on telle dimension. Mais si, dans le même intervalle de temps, l’un des mobiles a subi un mouvement d’altération, tandis que l’autre a subi un mouvement de translation, peut-on comparer la vitesse de l’altération à la vitesse du déplacement ? C’est impossible, parce qu’alors le mouvement a des espèces diverses qui ne se ressemblent pas.

Si donc deux mobiles sont animés d’une vitesse égale, lorsque dans un temps égal ils parcourent une égale distance, il s’ensuivra que la droite et la courbe partant des mêmes points et aboutissant aux mêmes points seront égales ; ce qui ne se peut pas. Et pourquoi la translation en ligne droite et la translation circulaire ne sont-elles pas comparables ? Est-ce parce que la translation est un genre qui