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Mais l’explication peut-elle s’appliquer également bien à ces cas divers ? Le mot Beaucoup lui-même peut être homonyme ; car il y a des choses pour lesquelles les définitions sont homonymes aussi bien que les mots. Ainsi, Beaucoup signifie d’abord une certaine quantité de la chose, un Tant, et quelque chose en sus. Mais Tant, c’est-à-dire Égal, est un mot homonyme. Un aussi est à, certains égards homonyme ; et si Un est homonyme, Deux l’est comme lui ; et le double que nous citions tout à l’heure, est homonyme aussi. Alors on peut se demander pourquoi certains objets sont comparables, tandis que d’autres ne le sont pas, si au fond leur nature est une et la même.

Est-ce qu’il y a une comparaison possible dans le cas seulement où le récipient primitif est le même ? Et est-ce qu’il n’y a pas possibilité de comparer quand ce récipient est différent ? Par exemple, on peut bien comparer un cheval et un chien sous le rapport de la blancheur, parce que de part et d’autre le primitif de la blancheur est le même, c’est-à-dire la surface dans l’un et l’autre de ces animaux. Même remarque pour leur grandeur. Mais il est impossible de comparer l’eau et la voix, parce qu’elles sont dans un tout autre primitif, si l’on dit, par exemple, de l’une et de l’autre qu’elles sont claires, ou qu’elles sont douces. Mais n’est-il pas évident qu’on peut ainsi tout identifier et tout confondre, en disant seulement que pour chaque chose le primitif est différent ? Ainsi l’égal, le doux, le blanc, se confondraient pour tout objet ; seulement, ils seraient dans des primitifs différents. On pourrait même ajouter que ces récipients primitifs eux-mêmes ne sont pas arbitraires, et qu’il n’y en a qu’un seul pour chaque qualité spéciale.