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deux lignes ne sont pas comparables, les mouvements qui les parcourent ne le sont pas davantage.

D’ailleurs, pour qu’on puisse établir une réelle comparaison entre deux choses, il faut que ces choses ne soient pas simplement homonymes. Ainsi, pourquoi ne peut-on pas comparer ces trois objets, le stylet dont on se sert pour écrire, le vin qu’on boit, et la note de la musique que l’on chante, bien que tous les trois soient aigus et aigres ? C’est uniquement parce que ces trois choses ne sont qu’homonymes, et que dès lors on ne peut les comparer entre elles. Mais dans un seul et même genre, on peut fort bien comparer la tonique et la dominante, parce que pour l’une et pour l’autre l’expression d’Aiguë a tout à fait le même sens. Mais quand on dit qu’un mouvement circulaire et un mouvement en ligne droite sont rapides, cette expression de Rapide n’est-elle pas prise pour tous les deux dans le même sens ? Et cette expression est-elle moins applicable à l’altération et à la translation qu’on voudrait comparer ? A cette théorie, on peut répondre qu’il ne suffit pas, pour que des choses soient comparables, qu’elles ne soient point homonymes. Ainsi, le mot Beaucoup appliqué à l’eau et à l’air n’est pas homonyme ; car il signifie la même chose ; et cependant l’eau et l’air ne sont pas pour cela comparables. Si au lieu du terme de beaucoup, on veut prendre celui de Double, le double signifie bien la même chose de part et d’autre, puisque c’est toujours le rapport de deux à un ; et cependant les deux éléments n’en sont pas plus comparables entre eux ; l’air ne peut pas être le double de l’eau, ni réciproquement.