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l’observer, subsiste et demeure, restant sous la prise de notre observation ; elle ne s’écoule pas comme le temps, qui nous échappe sans que nous puissions le retenir un seul instant. Le temps est pareil aux générations successives des hommes ; il n’y a, si l’on veut, ni interruption ni lacunes entre elles ; mais si elles naissent sans cesse, sans cesse aussi elles périssent. Au contraire, la grandeur reste permanente. Soit donc une grandeur que l’on divise selon une proportion restant toujours la même, et, par exemple, par moitié. Le nombre des divisions s’accroît de plus en plus et sans avoir de fin ; la portion qui reste, bien que se réduisant sans cesse, peut toujours être divisée par moitiés successives, et la division ne s’arrête pas plus que l’addition. D’un côté, on augmente ; de l’autre, on diminue ; mais l’infini est également des deux côtés ; et l’on n’épuisera pas plus la grandeur dans un sens que dans l’autre. On pourra s’approcher de la limite autant qu’on le voudra ; mais on ne pourra jamais l’atteindre. L’infini est donc en puissance ; mais il ne sera jamais en acte ; et nous avons beau faire, notre esprit ne pourra jamais le réaliser. L’infini ne peut d’aucune façon être en soi comme est le fini ; et c’est là justement ce qui l’en sépare.