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la vertu ou le vice. Ainsi, la vertu et le vice se produisent bien avec une altération ; mais la vertu et le vice ne sont pas eux-mêmes des altérations proprement dites.

Les mêmes remarques qu’on vient de faire sur les qualités sensibles de l’âme, peuvent s’appliquer aussi à ses facultés intellectuelles. Elles ne sont pas davantage des altérations, et l’on ne peut pas dire qu’il y ait pour ces qualités non plus une génération véritable. Ainsi, la science consiste surtout dans une certaine disposition de l’âme relativement a certaine chose ; ce n’est donc qu’un relatif ; et ce qui prouve bien qu’il n’y a point ici génération des qualités intellectuelles de l’âme, c’est que la partie de l’âme qui est faite pour acquérir la science, ne l’acquiert pas par suite de quelque mouvement qui se passerait en elle ; elle l’acquiert uniquement à la condition de quelque chose qui existait préalablement ; car, lorsque le phénomène particulier se produit, l’âme le connaît eu quelque sorte aussitôt par l’universel qu’elle possédait antérieurement.

Bien plus, on ne peut pas même dire qu’il y ait une véritable génération de l’acte de la science, pas plus qu’il n’y en a pour la faculté qui l’acquiert, à moins qu’on ne veuille soutenir aussi qu’il y a génération de la faculté de voir ou de toucher dans l’acte de la vue ou dans l’acte du toucher, et que l’acte de l’intelligence est tout pareil à ceux-là. Mais l’acquisition initiale de la science ne peut pas non plus passer pour une génération ni une altération, puisque la science ou la réflexion contemplative dans l’intelligence nous apparaît comme un repos et un temps d’arrêt. Or, il n’y a pas besoin de génération quelconque pour arriver au repos ; car, ainsi que nous avons essayé