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à certaines choses. lei aussi les vertus sont des perfections et des achèvements, tandis que les vices sont des désordres et des déchéances, La vertu dispose bien pour les affections et les passions qui appartiennent à la nature propre de l’être, tandis que le vice, au contraire, dispose mal. Par conséquent, les vertus et les vices pie l’âme ne sont pas plus des altérations que les vices et les vertus du corps ; la perte et l’acquisition des unes ou des autres ne sont pas davantage de vraies altérations.

Seulement, il y a nécessité absolue que les vertus et les vices de l’âme, comme ceux du corps, ne puissent se produire qu’à la suite d’une altération ou d’un changement dans la partie capable de sentir. Or, cette partie de l’âme n’est modifiée et altérée que par les choses que l’on sent. Toute la vertu morale se rapporte en définitive aux joies et aux douleurs du corps, soit qu’il s’agisse de la sensation présente, soit qu’il s’agisse du passé et d’un souvenir, soit enfin qu’il s’agisse de l’avenir et d’une espérance. Tantôt c’est l’action de la sensibilité présente ; tantôt c’est l’action de la mémoire et de l’espérance, selon qu’on a plaisir à se souvenir de ce qu’or a senti, ou à espérer ce qu’on doit sentir. Par conséquent, le plaisir, du genre dont nous parlons ici, se rapporte à (les causes sensibles. Or, comme c’est à la suite du plaisir que se forment les vertus et les vices ; dont le domaine n’est en réalité que le plaisir et la douleur, et comme le plaisir et la douleur ne sont que des altérations et des modifications de la partie sensible de l’âme, il en résulte évidemment qu’il faut de toute nécessité une modification préalable et une altération de quelque chose pour que l’âme puisse acquérir ou perdre