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morales, ne sont pas non plus des variations et des altérations proprement dites. En effet, ces qualités sont ou des vertus ou des vices ; et l’on ne peut pas trouver ni dans les unes ni dans les autres une altération véritable. Voici comment : la vertu est un achèvement et une perfection ; et c’est quand un être quel qu’il soit a atteint toute sa vertu particulière, qu’on peut dire de lui qu’il est achevé et parfait ; car alors il a éminemment obtenu son état naturel. Ainsi, un cercle est parfait quand il est cercle le plus régulièrement possible. Le vice, au contraire, est la déchéance et la destruction de cet état conforme à la nature spéciale de l’être. Il en est ici des vertus et des vices comme de tout autre chose ; et, par exemple, d’une maison : on ne dit pas que son achèvement soit une altération qu’elle subit ; car il serait par trop étrange de prendre le toit ou la tuile pour une altération, et de croire que la maison subit une altération au lieu de croire qu’elle s’achève, quand elle reçoit son faîte et son toit. Il en est absolument de même pour les vertus et les vices, et pour les êtres qui les possèdent ou qui les acquièrent. Les vertus sont des achèvements et des perfections ; les vices sont des dégradations et des déchéances ; niais ni les vertus ni les vices ne sont vraiment des altérations.

J’ajoute que les vertus et les vices ne sont que des relations, et ne consistent que dans une certaine manière d’être par rapport à certaines choses. Ainsi, pour les vertus et les qualités purement corporelles, comme la santé et l’embonpoint, elles consistent dans le mélange et la proportion du chaud et du froid, soit que l’on considère ces éléments dans leurs rapports réciproques à l’intérieur (lu corps, soit qu’on les considère au dehors, c’est-à-dire