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d’une bougie, on ne l’appelle plus de la cire ; le bois ayant reçu la forme d’un lit, on ne l’appelle plus du bois ; mais on détourne légèrement l’expression, et l’on dit que la statue est en airain, que la bougie est en cire, et que le lit est en bois. Ceci d’ailleurs ne nous empêche pas de qualifier l’objet qui a subi une action et une altération ; et nous disons de l’airain, ou de la cire, qu’il est sec, qu’il est humide, qu’il est dur, qu’il est chaud ; ou nous lui attribuons telle autre qualité. On va même plus loin ; et renversant les ternies, on dit que l’objet humide ou chaud est de l’airain, en prenant en quelque sorte pour matière l’affection même que l’objet éprouve ; mais c’est une simple homonymie, Si donc on ne désigne pas l’objet altéré par la matière qui reçoit la forme, mais si on le désigne uniquement par les altérations et les actions qu’il subit, il est évident que les phénomènes qui se passent dans la figure et la forme ne sont pas à proprement parler des altérations.

On ne peut pas davantage appliquer l’idée d’altération à la naissance et à la production des choses ; et, par exemple, on ne peut pas dire d’un homme, d’une maison ; ou de tout autre objet, qu’il est altéré quand il vient à se produire et à naître. Tout ce qu’on peut dire dans ce cas, c’est que l’être naît et se produit, parce qu’une autre chose change et s’altère ; et par exemple, un être reçoit la naissance parce qu’une certaine matière s’épaissit, se raréfie, s’échauffe ou se refroidit. Mais on ne peut pas dire de l’être qui naît et se produit qu’il soit altéré, et la génération ne peut pas être considérée comme une altération véritable.

Les qualités ou manières d’être, soit physiques soit