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Il n’y a pas davantage de séparation entre ce qui est accru et ce qui accroît, c’est-à-dire dans la troisième espèce de mouvement. L’accroissant primitif accroît la chose en s’y adjoignant, de manière que le tout ne fasse qu’une seule et même chose. A l’inverse, ce qui dépérit va dépérissant, parce qu’il se détache quelque chose de l’objet qui dépérit. Donc, nécessairement ce qui accroît ou ce qui détruit doit être continu ; et quand on dit continu, cela exclut toute idée d’intermédiaire. Donc encore une fois, en résumé, il est clair qu’entre le moteur et le mobile il n’y a point d’intermédiaire, le moteur étant d’ailleurs premier ou dernier par rapport au mobile.

IV.

Il a été question un peu plus haut de ce mouvement particulier qu’on appelle l’altération ; je reviens sur ce sujet pour éclaircir davantage cette théorie. Tout ce qui s’altère, avons-nous dit, est altéré par des causes sensibles, et il n’y a d’altération possible que là où l’action des causes sensibles peut s’exercer. Voici des arguments qui doivent bien le prouver. En dehors des êtres qui peuvent subir cette action, on pourrait croire que l’altération se rapporte surtout aux formes, aux figures, aux propriétés, soit que les objets les conservent, soit qu’ils les perdent. Cependant ce n’est pas là précisément qu’il y a altération. En effet, quand une chose a reçu une forme régulière et achevée, on ne la désigne plus par le nom de la matière même dont elle est composée. Ainsi l’airain avant reçu la forme d’une statue, on ne dit plus que c’est de l’airain ; la cire ayant reçu la forme