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Ceci, du reste, s’applique aux êtres animés aussi bien qu’aux êtres inanimés ; et dans les êtres animés, l’altération peut atteindre les parties insensibles aussi bien que les sens eux-mêmes ; car les sens s’altèrent et changent à leur manière. La sensation, quand elle est actuelle et effective, est une sorte de mouvement qui se passe dans le corps, au moment où le sens vient à éprouver une impression. Dans les cas où l’être inanimé est altéré, l’être animé l’est aussi. Mais la réciproque n’est pas vraie dans tous les cas ; car là où l’animal est altéré, l’être inanimé ne l’est pas toujours, puisque, n’éprouvant pas de sensation, il ne peut être altéré par cette dernière cause. L’un a conscience de ce qu’il éprouve ; l’autre n’en a pas conscience. Mais l’être animé lui-même peut fort bien ignorer ce qu’il sent, et l’altération peut avoir lieu en lui sans que ce soit à la suite d’une sensation.

Comme ce qui s’altère est toujours altéré par des causes sensibles, on peut voir que toujours l’extrémité dernière de ce qui altère est contiguë et se confond avec la première extrémité de ce qui est altéré ; c’est l’air qui,est continu à l’altérant, comme il est continu au corps altéré. Ainsi, pour la couleur, elle est continue à la lumière, et la lumière elle-même l’est à la vue. Mêmes rapports pour l’ouïe et pour l’odorat. L’air est toujours le moteur relativement à l’organe qui est mu. Le même phénomène a lieu pour le goût, et. la saveur de l’objet qui altère le goût, est dans le même lieu que le goût lui-même. Ce que je dis ici pour les êtres animés et sensibles n’est pas moins vrai pour les êtres insensibles et inanimés ; et, d’une manière générale, il n’y a rien d’intermédiaire entre l’altéré et l’altérant.