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fini, il s’ensuit que dans un temps fini, le fini ou l’infini parcourt l’infini. Or, l’une de ces hypothèses est impossible tout aussi bien que l’autre. Donc il est nécessaire qu’il y ait quelque part un temps d’arrêt, c’est-à-dire qu’il y ait un premier moteur et un premier mobile. Peu importe du reste que l’impossible soit conclu d’une hypothèse ; car les prémisses étant contingentes, la conclusion ne peut jamais être elle-même que contingente comme les prémisses.

III.

Je viens de dire que le moteur et le mobile devaient se toucher ; maintenant je veux démontrer ce principe. Je dis donc que le moteur immédiat et primitif, celui d’où part le mouvement et non pas celui en vue duquel le mouvement se passe, est dans le même lieu que l’objet qu’il met en mouvement ; et par le même lieu, il faut entendre qu’il n’y a rien d’interposé entre le moteur et le mobile. C’est là une condition commune à tout mobile et à tout moteur ; car il y a trois espèces de moteurs, comme il y a aussi trois espèces de mouvements, dans l’espace, dans la qualité et dans la quantité ; et pour chacune de ces espèces, il y a un moteur spécial, l’un qui produit la translation, l’autre qui produit l’altération, et un troisième qui produit l’accroissement et le dépérissement.

Je parle d’abord de la translation, parce qu’on peut la regarder comme le premier et le plus apparent des mouvements ; et je vais prouver que le moteur et le mobile doivent, pour cette espèce de mouvement, être dans le même lieu. Tout ce qui se déplace dans l’espace, ou se meut par