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avons prouvé (Livre VI, ch. V) que tout ce qui est mu est divisible aussi. Supposons donc qu’il est divisible en C. Si la partie BC n’est pas mue, le mobile entier AB sera nécessairement sans mouvement comme elle ; car si elle est supposée en mouvement, il est évident que c’est seulement parce que la partie AC serait en mouvement, tandis que l’autre partie BC serait en repos. Donc AB, le mobile entier, ne se meut pas lui-même et primitivement, ainsi qu’on le supposait d’abord, quand on admettait qu’il se donnait à lui-même son propre mouvement, et qu’il se le donnait d’une manière immédiate et primitive. Donc, si la partie BC est en repos, il faut aussi que le mobile entier AB y soit comme elle.

Pour rendre ceci plus clair, on peut supposer que AB est l’animal ; AC est l’âme, qui meut le corps, représenté par BC. Mais quand un mobile s’arrête dans son mouvement parce qu’une autre chose vient à s’arrêter, on dit que ce mobile est mu par une autre chose et non par lui-même. Par conséquent, tout ce qui est mis en mouvement est nécessairement mu par quelque chose ; car tout mobile est divisible ; et quand la partie motrice est en repos, le tout y est comme elle. Mais ici se présente une objection grave : si tout ce qui est mu est mu nécessairement par quelque chose, ce principe s’applique au mouvement dans l’espace aussi bien qu’à tous les autres, et alors le moteur du premier mobile est mu lui-même par un autre moteur, qui, à son tour, reçoit le mouvement, et cet autre par un autre encore, et ainsi de suite sans qu’on puisse assigner de fin.