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Ici il se présente deux hypothèses : ou le mobile a le mouvement en lui-même, ou il ne l’a pas. S’il ne l’a pas, il est évident qu’il reçoit le mouvement d’un autre, et c’est cet autre qui est le vrai moteur. J’examine la première hypothèse où le mobile a le mouvement en lui-même, et je dis que, même dans ce cas, le mobile est encore mu par quelque chose. Soit AB un objet qui se meut en soi et dans sa totalité, et non pas seulement dans une de ses parties. D’abord supposer que AB se meut lui-même parce qu’il est mu tout entier, et qu’il n’est mu par aucune cause étrangère, c’est une erreur ; car de ce qu’une chose KL met en mouvement une autre chose LM, et de ce que KL est mue elle-même, il ne s’ensuit pas que l’ensemble KM n’est pas mu lui-même par quelque chose. On ne pourrait pas affirmer cette conclusion, parce qu’on ne verrait pas clairement lequel des deux corps est le mobile et lequel est le moteur. C’est ainsi qu’on peut se demander qui est le moteur et qui est le mobile, ou du rameur qui fait aller le bateau, ou du bateau qui porte et meut le rameur. Mais ceci ne veut pas dire qu’il n’y ait pas dans ce cas de moteur réel. Un second principe, c’est que quand un corps se meut lui-même et n’est pas mu par un autre, ce corps ne s’arrêtera pas nécessairement parce qu’un autre corps viendrait à s’arrêter. Mais si un objet s’arrête, parce qu’un autre s’arrête aussi, on en peut conclure que ce premier objet n’est pas mu par lui-même, mais qu’il est mu par un autre.

Ceci étant clairement démontré, j’en conclus, comme je l’ai déjà fait plus haut, qu’il y a nécessité que tout ce qui est mu soit mu par quelque cause. Soit AB un mobile qui est mu ; il est nécessairement divisible ; car nous