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qui e des dimensions en tous sens ; mais les dimensions de l’infini doivent être infinies comme lui, c’est-à-dire que les dimensions prétendues de l’infini cessent d’être des dimensions véritables. Aristote en conclut que, parmi les corps que nos sens perçoivent, il n’en est pas un qui puisse être infini ; car si l’un des éléments était infini, soit le feu, l’air, l’eau ou la terre, il aurait bientôt absorbé tous les autres et remplirait seul l’univers. Il ne peut donc pas y avoir de corps sensible infini. D’ailleurs tout corps est dans un lieu ; et quel peut être le lieu de l’infini, si ce n’est l’infini lui-même ? Puis, si l’infini est un corps, ainsi qu’on le prétend, il aura donc une position, puisque tout corps se porte naturellement ou en haut ou en bas, selon qu’il est pesant ou léger. Mais alors il faudra diviser l’infini ; et une de ses parties serait en haut, tandis que l’autre serait en bas. Rien de tout cela n’est acceptable ; et même le génie pénétrant d’un Anaxagore n’a pu introduire la lumière dans ces obscurités.

Aristote n’a pas la prétention de faire beaucoup mieux que ses devanciers ; mais les explications qu’il tente pour faire comprendre la nature de l’infini sont des plus ingénieuses. On ne peut pas dire de l’infini qu’il existe absolument ; il est simplement en puissance ;