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en sens opposé sont en même temps aux extrémités contraires des A. Zénon prétend que le temps qu’il faut aux C pour passer les B est tout à fait égal à celui qu’il leur faut pour passer les A, parce que les B et les C arrivent simultanément à passer les A ; mais ce que Zénon ne dit pas, c’est que les A restent en place, tandis qu’au contraire les B sont en mouvement, et que, par conséquent, le temps ne peut pas être le même, comme il le soutient ; pour les C relativement aux A et relativement aux B.

Telle est l’argumentation de Zénon, qui pèche par les côtés que nous venons de dire. Il y a en outre d’autres objections contre le mouvement, auxquelles il est bon de répondre. Ainsi l’on dit que le mouvement est impossible dans le changement qui constitue la contradiction, c’est-à-dire le passage du non-être à l’être et de l’être au non-être. Voici comment on le prouve : Un corps qui n’est pas blanc, changeant de manière à devenir blanc, n’est à un moment donné ni l’un ni l’autre, et l’on ne peut pas dire qu’il est blanc, pas plus qu’on ne peut dire qu’il ne l’est pas. Donc il n’y a pas de mouvement.

Cette impossibilité qui peut être réelle dans d’autres systèmes, ne l’est pas dans le nôtre ; car il n’y a pas besoin qu’une chose soit tout entière blanche ou non blanche pour qu’on puisse affirmer qu’elle est l’un ou l’autre ; il suffit, pour qu’on lui applique cette détermination, que la plupart de ses parties on du moins les plus importantes soient de telle ou telle façon. Ce n’est pas la même chose en effet de ne pas être tout entier dans tel état, et de ne pas y être du tout. J’applique cette remarque à l’opposition de l’être et du non-être, et d’une manière générale à toutes