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de mondes analogues à celui que nous habitons.

Du reste, l’explication de l’infini est peut-être plus difficile encore que celle du mouvement ; et soit qu’on admette l’existence de l’infini, soie qu’on la rejette, on rencontre de part et d’autre des impossibilités devant lesquelles s’arrête et succombe l’esprit humain. Aussi Aristote ne se flatte-t-il pas d’épuiser ce sujet, et il s’attache plus spécialement à quelques points. Il remarque d’abord que le mot d’infini a plusieurs sens qu’il faut distinguer avec grand soin. Il signifie dans un premier sens et essentiellement ce qui ne peut être ni parcouru ni mesuré. Par sa nature, l’infini est incommensurable, de même que le son est naturellement invisible, perçu par notre oreille et non perceptible à nos yeux. En un autre sens moins précis, on appelle infini ce qui est sans terme, ou ce qui n’a pas le terme que par nature il devrait avoir. Enfin, une grandeur quelconque étant donnée, on peut toujours y ajouter ou en retrancher ; la division et l’addition sont donc également infinies.

Mais l’idée de corps et l’idée d’infini répugnent essentiellement l’une à l’autre. Le corps implique nécessairement une surface, et la surface est non moins nécessairement une limite. Le corps est ce