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encore plus évident pour la grandeur parcourue dans l’espace, et l’on verra qu’elle est également divisible à l’infini, parce que la grandeur, oit change ce qui change, et où se meut le corps qui se meut, est continue, et par conséquent divisible à l’infini. Soit, par exemple, un corps qui se ment de C en D. Si l’on supposait CD indivisible, il y aurait un corps sans parties, continu à un autre corps sans parties, ce qui est de toute impossibilité. Donc CD sera une grandeur divisible, et elle sera divisible à l’infini ; donc aussi le corps avant d’arriver à D se ment dans toutes les parties comprises entre C et D. Par conséquent, je puis conclure, d’une manière générale, que tout ce qui a changé change avant que son changement ne soit complet. Ce que je viens de dire du temps et de la grandeur qui sont des continus, s’appliquerait également aux choses où il n’y a plus de continuité, et. par exemple, aux contraires et à la contradiction ; car alors on prendrait le temps pendant lequel l’objet a changé, soit pour arriver aux contraires, soit pour arriver à la contradiction, et l’on en dirait les mêmes choses.

Je le répète donc : il y a nécessité que ce qui a changé change, et que ce qui change ait changé. Le changement antérieur fait partie du changement actuel, de même que le changement actuel fait partie du changement antérieur ; et de cette façon, il est impossible d’arriver de part ni d’autre au primitif que l’on cherche. Cela tient à ce qu’un indivisible ne peut jamais être le continu d’un indivisible ; car la division de l’intervalle compris entre les deux est toujours possible, comme on l’a montré pour ces lignes et ces quantités, dont l’une s’accroît, et l’autre diminue sans cesse, sans qu’il y ait de fin ni pour l’une,