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changé déjà dans une partie quelconque du temps antérieur, il s’ensuit, connue il n’y a pas de changement possible dans le cours de l’instant actuel, que le changement a dû se produire dans chacun des instants antérieurs. Par conséquent, les instants étant en nombre infini, il en résulte que ce qui change actuellement, doit avoir déjà changé une infinité de fois.

La proposition inverse n’est pas moins vraie ; et l’on peut dire réciproquement que tout ce qui a changé doit nécessairement changer avant d’être complètement changé. En effet, tout ce qui a changé d’un certain état à un. autre état a changé dans le temps. Supposons que dans l’instant le corps a changé de A en B ; il est clair qu’il n’a pas pu changer dans le même instant où il est en A, puisque alors il serait tout à la fois en A et en B, ce qui est impossible ; car ce qui a changé, quand il a changé, n’est plus dans l’instant où il change, ainsi qu’on vient de le démontrer un peu plus haut (ch. VI), c’est-à-dire que le corps qui a changé n’est plus au point de départ, mais bien au point d’arrivée. Si l’on dit que, n’étant point changé à l’instant où il change, il est dans un autre instant, alors il y a, entre ces deux instants, un intervalle de temps qui les sépare, puisque les instants, comme on le sait, ne sont pas continus. Car, comme le changement a lieu dans le temps, et que le temps est toujours divisible, le changement aura été autre dans la moitié de ce temps, et autre encore dans la moitié de cette moitié, et ainsi à l’infini. Donc, le corps change avant d’être changé ; et quand le changement est complet, il s’est fait. par une succession infinie de degrés.

Ce qu’on vient de dire pour la divisibilité du temps est