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auquel on veut arriver. Ainsi, il n’y a de primitif de changement ni dans l’objet ni dans le temps.

Reste enfin la qualité qui change, et ici il n’en est plus tout à fait de même, En effet, dans tout changement on peut considérer trois choses : l’être qui change, le récipient dans lequel le changement se passe, et la qualité nouvelle qu’apporte le changement. Par exemple, l’homme, le temps et la blancheur ; c’est l’homme qui change ; c’est dans le temps qu’il change ; et ce en quoi il change, c’est la blancheur. L’homme et le temps, qui sont tous deux des grandeurs et des continus, sont toujours et indéfiniment divisibles. Mais la blancheur, si elle est divisible, ne l’est qu’indirectement, parce que, de cette façon, tout est divisible, et. la blancheur se divise parce que l’objet dans lequel elle se trouve est divisible.

Mais tout ce qui est en soi divisible et ne l’est pas par accident, ne peut jamais avoir le primitif du changement. Et ceci est vrai, pour les grandeurs parcourues dans l’espace, et pour ]es quantités. En effet, soit AB la grandeur parcourue, et que le primitif soit dans BC. Soit qu’on fasse BC divisible ou indivisible, l’impossibilité est la même ; car, s’il est supposé indivisible, il en résulte qu’un objet sans parties sera continu à un autre objet qui est sans parties également ; ce qui est absurde, puisqu’il faudra que BC supposé indivisible soit continu à un autre indivisible pour former la grandeur AB. Si, au contraire, BC est divisible, alors il y a quelque chose d’antérieur à C, en quoi le corps a changé ; et alors BC n’est plus le primitif comme on le disait ; car il y aura un antérieur à cet antérieur ; puis un autre à celui-là ; et, ainsi de suite à l’infini, la division d’un continu ne