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changement est accompli soit divisible, et qu’il soit divisé en B. Si l’objet a changé en AB et ensuite en BC, c’est que AC n’est pas primitif, ainsi qu’on le supposait, et l’on va alors contre l’hypothèse. Si l’on dit que le changement a lieu dans l’un et l’autre à la fois, en AB et en BC, comme il y a nécessité que l’objet ait changé ou qu’il change dans les deux, il change aussi, ou il a changé, dans le tout qu’ils forment, c’est-à-dire en AC ; mais on avait supposé, non pas qu’il change en AC, mais qu’il y avait déjà changé. Même raisonnement si, au lieu de supposer qu’il change, ou a changé dans les deux, on suppose qu’il change dans l’un, et qu’il a changé dans l’autre ; car alors il y a un point qui devient antérieur à celui qu’on supposait primitif ; et cette nouvelle conclusion n’est pas plus possible que l’autre. Donc, cet instant où l’objet a primitivement changé ne peut pas être divisible. De ceci, il résulte que l’instant est également indivisible pour la production ou la destruction des choses. Ce qui est né ou a péri, est né ou a péri dans un instant qui ne peut pas plus se diviser que celui où tout autre changement s’est accompli.

VIII.

Mais peut-être est-il nécessaire d’insister sur cette expression de primitif pour faire bien comprendre ce que nous entendons par là. Quand on parle du point primitif où le changement a lieu, on peut prendre ceci en un double sens : ou bien le primitif est le point où le changement est complet et achevé, car c’est seulement alors qu’il est exact de dire que l’objet a changé réellement ;