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continu, ni ligue, ni surface, ni temps qui soit sans parties ; et tout continu est composé de divisibles à l’infini.

II.

Il suit de ce qui précède que l’instant, pris dans son acception vraie, et non plus dans une de ces acceptions inexactes, dont nous avons parlé plus haut (Livre IV, ch. XIX ), doit être indivisible ; et il doit rester indivisible, soit à l’égard du passé, soit à l’égard du futur. L’instant est une extrémité du passé, dans laquelle il n’y a pas encore la moindre parcelle de l’avenir ; c’est aussi une extrémité de l’avenir dans laquelle il n’y a plus la moindre parcelle du passé, attendu qu’il est, ainsi que nous l’avons dit, la limite de l’un et de l’autre. Et si l’on démontre l’existence réelle d’une telle limite en soi, et toujours identique à elle-même, on aura démontré par cela même qu’elle est indivisible. Or, il faut nécessairement que l’instant soit réellement le même, puisqu’il est l’extrémité des deux temps ; car, s’il n’était pas le même et qu’il y eût deux instants différents, ou ils seraient contigus et successifs, ou ils seraient séparés. S’ils étaient successifs, il n’y aurait plus de continuité, puisque jamais le continu ne petit être composé d’indivisibles, ainsi que nous venons de le démontrer ; et s’ils étaient séparés, alors il y aurait du temps dans l’intervalle, puisque tout continu doit nécessairement contenir, entre ses limites, quelque chose qui soit homogène et synonyme. Mais si c’est du temps qui est intermédiaire entre les instants, ce temps est toujours divisible, puisqu’il a été démontré que le temps qui est un continu peut se diviser indéfiniment.