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mouvement qui s’éloigne de la santé pour aller à la maladie. Or, c’est là chose impossible. Mais, à ce doute, ne peut-on pas répondre que cette simultanéité des contraires est possible ici dans une certaine mesure ? Le corps qui est en mouvement n’est-il pas déjà aussi en partie en repos, bien qu’il ne s’arrête définitivement que plus tard ? En d’autres termes., le corps qui change n’est-il pas tout à la fois, et en partie ce qu’il était, et en partie ce qu’il devient, ou ce en quoi il change ? C’est là ce qui fait que le mouvement est plus contraire au mouvement que ne l’est le repos, parce que dans le mouvement il y a encore quelque chose du repos et de l’état d’où le corps s’éloigne.

Enfin, je pose une dernière question en ce qui regarde le repos : c’est de savoir si tous les mouvements qui sont contre nature ont aussi un repos qui leur soit directement opposé. Si l’on soutenait qu’il n’y a pas de repos opposés aux mouvements contre nature, ce serait une erreur évidente ; car on voit bien des corps qui restent en place, et qui y sont tenus contre leur tendance naturelle. Il faudrait donc en conclure que ce repos, qui cependant n’est pas éternel, est sans cause ; mais il est clair, au contraire, qu’il y aura des repos contre nature, de même qu’il y a des mouvements contre nature. Nous avons remarqué plus haut qu’il y a, pour le même corps, des mouvements naturels et des mouvements contre nature : ainsi, le mouvement naturel du feu est d’aller en haut, et son mouvement forcé c’est d’aller en bas ; et nous nous sommes demandé si c’est ce second mouvement qui est contraire au premier, ou bien si c’est le mouvement de la terre, qui, naturellement, est portée en bas. Les deux