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cela est impossible, comme nous le croyons, le mouvement que Socrate éprouve pourra bien être le même, mais il n’est plus un.

Une autre question fort analogue et qu’on pourrait se poser à la suite de la précédente, c’est de savoir si les affections des choses ont de l’unité comme les mouvements eux-mêmes et à des conditions pareilles. Prenons, par exemple, la santé dans un corps bien portant. Comment pourra-t-on dire que la santé demeure une et identiquement la même, puisqu’il est prouvé que le corps qui la possède est dans un changement et dans un flux perpétuels ? De plus, si la sauté que j’ai ce soir est bien la même que celle que j’avais ce matin, pourquoi la santé que l’on recouvre après une longue maladie, ne serait-elle pas numériquement une et la même que celle dont on jouissait avant d’être malade ? Il semble que ce qu’on a dit de l’unité du mouvement peut s’appliquer également bien à. l’unité d’affection, Il y a cependant cette différence que, quand deux mouvements se réunissent si parfaitement en un seul qu’il n’en résulte qu’un mouvement qui est numériquement un, l’affection que ce mouvement cause est nécessairement une aussi ; car ce qui n’est qu’un numériquement a aussi un acte numériquement unique. Mais l’affection peut être une numériquement, sans que l’acte le soit nécessairement comme elle. Par exemple, si l’on s’arrête de marcher, l’acte de la marche cesse aussitôt et il n’y a plus de marche ; de même que si l’on se remet à marcher, il y a marche de nouveau. Mais, grâce à l’interruption, ce n’est plus là un seul et même acte ; car, si c’était un acte unique, il s’ensuivrait qu’une seule et même chose, tout en demeurant une et la même, pourrait