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et ce qui devient n’existe pas encore. Donc, en ce sens comme dans les précédents, la génération de génération empêche toute génération et tout mouvement, comme elle empêche toute destruction.

J’ajoute une nouvelle considération contre cette théorie. Dans tout changement, dans toute génération, il faut préalablement une matière substantielle à l’être qui devient et qui change. Or, ici dans le changement de changement, où sera cette matière ? Et de même que dans le mouvement d’altération, ce qui s’altère est préalablement un corps ou une âme, de même ce qui devient sera-t-il ici un mouvement, une génération, comme je l’ai déjà demandé plus haut ? Et si ce ne peut être ni un mouvement ni une génération qui servent de point de départ, seront-ils du moins le terme où aboutira le mouvement ? Car il faut bien que le mouvement qu’on suppose soit le mouvement et la génération d’une chose qui passe de tel état à tel autre état. Mais comment serait-il possible qu’un mouvement fût le but d’un mouvement ? La génération de la science, par exemple, n’est pas de la science ; et c’est cependant la science réelle qu’on poursuit et dont on fait son but quand on étudie. Il n’y a donc pas, comme on le dit, génération de génération, ni en général ni dans les cas particuliers. Enfin. comme il n’y a que trois espèces de mouvements, il faudrait que cette nature substantielle formée par le mouvement de mouvement, et les termes entré lesquels se passerait le mouvement fussent une quelconque de ces espèces ; et alors on aurait un mouvement de translation qui deviendrait un mouvement d’altération, tout aussi bien qu’il serait un déplacement dans l’espace. Mais tout mouvement ne peut s’accomplir