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que le changement d’une forme en une autre forme, d’un état en un autre état. La génération et la destruction sont bien dans le même cas aussi ; seulement elles vont l’une et l’autre à de certains opposés qui sont des contradictoires, tandis que le mouvement ne va pas à ces mêmes opposés et qu’il va à des contraires, par exemple, du blanc au noir. Si le mouvement de mouvement était possible ainsi, il s’ensuivrait que l’être pourrait changer tout à la fois et de la santé à la maladie, et de ce même changement à un autre encore. Or il est évident que dès que l’être aura été malade, c’est qu’il aura subi un changement d’une certaine espèce facile à apprécier, puisqu’il peut s’arrêter et persévérer dans cet état. Mais ce n’est pas un changement quelconque et indéterminé que subit le malade, et il ne peut pas de cette situation nouvelle, venue d’une situation antérieure, passer à quelqu’autre situation différente ; car il pourrait arriver ainsi à un changement opposé à la maladie, qui serait le retour à la sauté, et de cette façon il éprouverait à la fois deux changements contraires l’un vers la maladie, l’autre vers la guérison ; ce qui est impossible.

Ainsi le mouvement de mouvement ne peut être un mouvement en soi ; c’est un simple mouvement accidentel et successif, pareil à celui qu’on subit quand on passe du souvenir d’une chose à l’oubli de cette même chose ; et de part et d’autre le mouvement est tout pareil, puisqu’il est celui d’un être qui passe tour à tour, soit à la mémoire soit à la santé.

Voilà un premier argument qui prouve qu’il ne peut y avoir mouvement de mouvement, génération de génération, etc. En voici un second : c’est que ce serait tomber