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besoin de supposer le mouvement dans la catégorie de l’action et de la passion ; car c’est déjà une sorte de mouvement. On n’a pas davantage à le supposer dans le moteur et le mobile où il est déjà impliqué, attendu qu’il serait aussi inutile qu’irrationnel d’admettre un mouvement de mouvement, une génération de génération, en un mot un changement de changement. Il faut s’arrêter au premier terme, sous peine d’avoir à parcourir l’infini.

Mais il faut distinguer deux acceptions diverses dans lesquelles on peut entendre ces mots singuliers : Mouvement de mouvement. Dans un premier sens, veulent-ils dire que le mouvement peut être le sujet d’un autre mouvement ? Comme lorsqu’on dit d’un homme qu’il subit un mouvement, parce qu’il change du blanc au noir. Or, est-ce que par hasard un mouvement, devenant ainsi un sujet, pourra s’échauffer ou se refroidir, se déplacer dans l’espace, s’accroître et périr, comme le ferait tout autre sujet ? Mais il est évidemment impossible d’entendre ainsi cette expression ; car le changement ne peut jamais être considéré comme un véritable sujet. Par conséquent, il n’y a point mouvement. de mouvement dans cette première acception.

Veut-on dire dans une seconde acception que Mouvement de mouvement, signifie qu’un sujet autre que le mouvement part d’un certain changement pour changer d’une forme à une autre par ce mouvement qu’il éprouve, comme un homme passe de la maladie à la santé ? mais on ne peut pas dire qu’il y ait là réellement mouvement de mouvement, si ce n’est d’une façon accidentelle et indirecte, puisque le mouvement à proprement parler, n’est