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ne peut pas avoir non plus le mouvement de quelque façon que ce soit ; car comment concevoir que ce qui n’est pas puisse se mouvoir ? Donc, en tirant de ce principe la conséquence qu’il porte, il est clair que la génération absolue ne peut être appelée un mouvement véritable, puisque le non-être devient quelque chose, de rien qu’il était. Le non-être est le plus souvent accidentel ; c’est le plus souvent la simple privation d’une qualité qui en remplace ensuite une autre ; mais il n’en est pas moins exact de dire de l’être qui devient et naît d’une manière absolue, qu’il doit exister d’abord à l’état de non-être, si l’on peut se permettre ces expressions contradictoires. Ce qu’on vient de dire du mouvement du non-être s’applique tout aussi bien à son repos ; et si l’on s’imaginait le non-être en repos, il n’en résulterait pas moins d’impossibilité que de se l’imaginer en mouvement. Enfin, une dernière preuve que le non-être ne peut avoir de mouvement et que la génération n’est pas un mouvement, c’est que tout ce qui est mouvement doit être dans un lieu ; or, le non-être n’est pas dans un lieu ; car alors il faudrait qu’il existât quelque part, et il n’existe point.

Mais, si la génération absolue n’est point un mouvement, la destruction n’en est pas un davantage ; car il ne peut y avoir de contraire au mouvement que le repos, ou un autre mouvement ; mais, la destruction n’est contraire qu’a la génération, laquelle n’est point un mouvement, comme on vient de le démontrer.

Ainsi, en résumé, comme tout mouvement est toujours un changement d’une certaine espèce, et qu’il n’y a que les trois espèces de changement indiquées par nous ; et, d’autre part, comme les changements qui se passent dans