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un état à un autre état, et le mot grec lui-même atteste l’exactitude de cette idée, puisque le premier élément de ce mot indique qu’une chose se fait après une autre, et distingue ainsi quelque chose d’antérieur et quelque chose de postérieur dans le phénomène qui a lieu. Or, le changement peut se produire de quatre manières, dont deux relatives au point de départ, et deux relatives an point d’arrivée. D’abord le changement peut se faire d’un sujet à un sujet, et j’entends par sujet ce qui est exprimé sous forme affirmative : ainsi, le changement, se fait de blanc à noir. En second lieu, le changement peut se faire de ce qui n’est pas sujet à ce qui n’est pas sujet : par exemple, de ce qui n’est pas blanc à ce qui n’est pas blanc. Troisièmement, le changement peut se faire de ce qui n’est pas sujet à ce qui est sujet : par exemple, ce qui n’est pas blanc devient blanc. Enfin, le changement peut se faire de ce qui est sujet à ce qui n’est pas sujet : et par exemple, le blanc devient non-blanc.

On voit que sur ces quatre manières, il n’y en a que trois qui soient possibles : celles d’un sujet dans un sujet, du sujet dans ce qui n’est pas sujet, et de ce qui n’est pas sujet dans ce qui est sujet ; car la seconde manière, celle qui aurait lieu de ce qui n’est pas sujet à ce qui n’est pas sujet, n’est pas à vrai dire un changement, puisqu’il n’y a pas là d’opposition véritable, et qu’il n’y a ni contraires, ni contradictoires, éléments indispensables du changement. Le changement de ce qui n’est point sujet en un sujet, c’est la génération ; c’est le passage du non-être à l’être, ou en d’autres termes une opposition contradictoire de la négation à l’affirmation. Une chose qui n’était pas vient à être et à exister. La génération est