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blancheur, par exemple, à laquelle arrive un objet noir en changeant de couleur, il s’ensuit qu’il y aura un changement qui ne sera plus un mouvement, puisqu’il tendra lui-même vers un mouvement. A cela, on peut répondre que ce n’est pas la blancheur même où arrive l’objet, qui est un mouvement ; mais que c’est l’Ablanchissement successif de cet objet. Mais pour ce prétendu mouvement qu’on croit trouver dans le point d’arrivée d’un mouvement quelconque, il faudrait distinguer, comme on l’a fait plus haut, le mouvement accidentel, le mouvement partiel, et le mouvement primitif en soi. Soit, par exemple, une chose qui devient blanche, on peut dire qu’elle ne subit qu’un changement accidentel, quand on dit qu’elle change en ce qu’on pense ; car pour la couleur, c’est un simple accident que d’être pensée. C’est un changement partiel, si l’on dit simplement qu’elle change de couleur, parce que la couleur blanche n’est qu’une partie et une espèce de la couleur générale ; de même qu’on prend une expression impropre, quand on dit de quelqu’un qui se rend à Athènes, qu’il va en Europe ; parce que en effet Athènes fait partie de l’Europe. Enfin, c’est un changement en soi et primitif, quand on dit de la chose qui devient blanche qu’elle change en blancheur.

Mais, après cette réfutation d’une objection peu solide, je reviens à mon sujet. On voit donc ce qu’on doit entendre par le mobile en soi, le mobile accidentel et le mobile partiel ; on voit aussi ce qu’on doit entendre par Primitif, soit qu’on applique ce mot au mobile, soit au moteur ; on voit enfin que le mouvement n’est pas dans la forme ou qualité nouvelle que reçoit le mobile, mais dans le mobile lui-même, dans le corps qui est mu actuellement