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nuances : par exemple, s’il s’agit de guérison, le mobile en soi est l’être guérissable ; s’il s’agit de chaleur, c’est l’être qui est échauffable, etc.

Ces distinctions que nous venons de faire pour le mobile, ne sont pas moins applicables au moteur. Le moteur peut aussi mouvoir, ou accidentellement, ou partiellement, ou en soi primitivement. Ainsi, le moteur est accidentel quand on dit, par exemple, que le musicien bâtit la maison ; car ce n’est pas en tant que musicien qu’il la bâtit, et c’est en tant qu’architecte qu’il l’élève ; seulement cet architecte a le talent de la musique. En second lieu, le moteur est partiel, quand il meut par une de ses parties et qu’on dit, par exemple, que quelqu’un frappe, parce qu’en effet sa main frappe quelque chose. Enfin, le moteur est en soi et primitif, quand on dit que le médecin guérit ; car c’est bien le médecin lui-même qui guérit en tant que médecin.

On voit donc déjà qu’il y a trois choses à considérer dans le mouvement : le moteur d’où le mouvement part tout entier ; le mobile, c’est-à-dire l’objet mu ; puis le temps durant lequel le mouvement se passe. Enfin, outre ces trois termes, il y a lieu de considérer aussi, et le point d’où part ce mouvement, et le point où il arrive et où il se termine. Car tout mouvement, quelle qu’en soit l’espèce, part d’un certain point pour arriver à un autre point ; et il ne faut jamais confondre le mobile en soi, ni avec le point vers lequel il est poussé par ce mouvement, ni avec le point duquel il est parti. Par exemple, prenons ces trois tenues, le bois, le chaud et le froid. De ces trois termes, le premier désigne l’objet qui subit le changement ; le second désigne l’état où il tend, et le dernier, l’état