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toujours nécessairement, l’infini, l’espace et le temps, nous abordons la question morne du mouvement, et nous posons d’abord quelques distinctions verbales, dont nous ferons grand usage dans ce qui va suivre.

Tout ce qui vient à changer ou à se mouvoir, car ces deux expressions sont équivalentes, peut changer et se mouvoir de trois manières : Ou accidentellement et indirectement ; ou dans une de ses parties et non dans sa totalité ; ou enfin, en soi et dans tout son être. J’éclaircis ceci par des exemples. Dans le premier sens, le changement est purement accidentel, quand on prend une locution comme celle-ci : Le musicien marche ; car ce n’est pas précisément le musicien qui marche ; mais c’est l’individu, dont c’est un attribut ou un accident de savoir la musique. Secondement, on dit bien souvent, d’une manière absolue, qu’une chose change par cela seul qu’une de ses parties vient à changer. Ainsi, l’on dit de quelqu’un qu’il se guérit par cela seul que son œil malade ou sa poitrine se guérit, bien que ces organes ne soient qu’ une partie de son corps et de son être. Enfin, dans un troisième sens qui est le plus exact, on dit d’une chose qu’elle se meut et change non plus par accident, non plus dans une de ses parties, mais en elle-même primitivement, lorsqu’en effet l’être tout entier se meut, comme lorsqu’on dit que Socrate se promène. La chose est alors mobile en soi ; elle n’est plus mobile indirectement ou partiellement. Il faut ajouter que dans chaque espèce de mouvement, le mobile en soi est différent selon le mouvement lui-même qui varie : ainsi, dans le mouvement d’altération, le mobile eu soi est l’être qui est altérable ; et même dans l’altération, on peut marquer une foule de