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la mesure de telle espèce de mouvement en particulier. Mais, ici, on ait une objection et l’on dit : Il est possible que deux choses différentes se meuvent au même instant ; dans ce cas, le temps est-il le nombre de l’une et l’autre à la fois ? Ou bien le temps est-il autre pour toutes les deux ? Et est-il possible alors qu’il existe simultanément deux temps égaux ? Mais n’est-il pas évident que c’est là une chose impossible ? Le temps tout entier est un, il est semblable et simultané pour tout ; et même les temps qui ne sont pas simultanés n’en sont pas moins de la même espèce. Il en est du temps comme du nombre, qui est bien toujours le même, qu’il s’agisse d’ailleurs ici de chiens et là de chevaux. S’ils sont sept, par exemple, le nombre sept n’en est pas moins immuable, quels que soient les êtres auxquels il s’applique. Pareillement, le temps est le même pour des mouvements qui s’accomplissent ensemble, et il ne change pas avec les objets. La seule différence c’est que le mouvement, dont le temps est le nombre, peut être tantôt rapide et tantôt ne l’être pas ; tantôt il est un déplacement dans l’espace et un changement de lieu ; tantôt il est une simple altération de qualité. Mais, au fond, c’est bien le même temps qui mesure ces mouvements, puisque de part et d’autre il est le nombre égal et simultané soit du déplacement soit de l’altération, selon l’espèce spéciale du mouvement qui s’accomplit. Si d’ailleurs les mouvements sont différents et séparés, bien que le temps demeure partout un et identiquement le même, c’est que le nombre reste aussi un et le même pour des mouvements et des êtres égaux et simultanés.

Lorsque nous disons que le temps est la mesure du