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l’un à l’autre, qu’ils soient d’ailleurs ou en puissance ou en acte ; et du moment que ces choses sont en mouvement, elles durent aussi un certain temps. Mais, si l’âme de l’homme venait à cesser d’être, y aurait-il encore du temps ? Ou bien n’y eu aurait-il plus ? C’est là une question qu’on peut soulever ; car, lorsque l’être qui, par exemple, doit compter ne peut plus exister, il est impossible qu’il y ait encore quelque chose de comptable. Par suite, il n’y a plus davantage de nombre ; car le nombre n’est que ce qui a été compté ou ce qui peut l’être. Mais, s’il n’y a au monde que l’âme, et dans l’âme l’entendement, qui ait la faculté naturelle de compter, il est dès lors impossible que le temps soit, du moment que l’âme n’est pas ; et, par suite, le temps, qui n’est que le nombre du mouvement, ne peut plus être dans cette hypothèse que ce qu’il est simplement et essentiellement en soi, si toutefois il se peut que le mouvement ait lieu et existe sans l’âme. Mais il y a toujours l’antérieur et le postérieur dans le mouvement, et le temps n’est au fond que l’un et l’autre en tant qu’ils sont numérables.

On peut encore se demander si le temps est le nombre d’un mouvement de certaine espèce, ou si c’est le nombre de toutes les espèces de mouvement, quelles qu’elles soient. Ainsi, c’est dans le temps que les choses naissent et périssent ; c’est dans le temps qu’elles s’accroissent ; c’est dans le temps qu’elles s’altèrent et qu’elles se meuvent. Donc, le temps est le nombre et la mesure de chacune de ces espèces de mouvement, en tant que chacune d’elles est du mouvement ; et voilà comment on peut animer d’une manière générale que le temps est le nombre du ’mouvement continu, et non pas le nombre et