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manière d’être n’est pas la même, et leur dissemblance n’est que rationnelle. Telle est une première façon de comprendre et d’expliquer l’instant ; et c’est l’instant proprement dit. Il en est encore une autre : c’est lorsque le temps dont on parle, au lieu d’être précisément l’instant actuel et présent, est seulement très proche du moment où l’on est. Ainsi, l’on dit de quelqu’un qu’il vient A l’instant, pour dire qu’il viendra aujourd’hui ; on dit qu’il est venu A l’instant, pour dire que c’est aujourd’hui qu’il est venu. Mais il faudrait modifier cette expression, si le temps des événements qu’on indique était éloigné au lieu d’être proche ; et l’on ne dit point, par exemple, des événements d’Ilion, pas plus que du déluge, qu’ils se sont passés A l’instant. Le temps cependant est continu à remonter du moment où l’on parle jusqu’à ces événements reculés, et il ne présente pas d’interruption ; mais ces faits sont trop éloignés de nous pour qu’on emploie la même expression. Une autre nuance du temps, c’est l’expression de Alors, ou Un jour, qui indique un temps déterminé et fini, relativement à un instant antérieur. Ainsi, par exemple, on dit Alors ou Un jour Ilion a été prise ; Alors ou Un jour une inondation aura lieu. C’est toujours, comme on le voit, du temps déterminé par rapport à l’instant actuel, soit qu’on parte de cet instant pour remonter dans le passé ou pour aller vers l’avenir. Il y a toujours une certaine quantité de temps écoulé pour descendre vers l’événement, s’il s’agit du futur ; ou pour y remonter, s’il s’agit du passé. Mais ici se présente une question. S’il n’y a point de temps, soit passé, soit à venir, auquel on ne puisse appliquer