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mouvement, et n’est qu’indirectement la mesure de tout le reste, il s’ensuit que toutes les choses dont le temps mesure l’existence, ne peuvent exister que dans les deux conditions du mouvement ou du repos. Donc, toutes les choses périssables et créées, en d’autres termes toutes les choses qui peuvent tantôt être et tantôt n’être pas, sont nécessairement dans le temps ; elles sont renfermées par lui, puisqu’il y a toujours un temps plus vaste qui dépasse leur être, c’est-à-dire qui dépasse le temps spécial par lequel leur existence est mesurée.

Quant aux choses qui n’existent pas, bien qu’elles soient aussi comprises dans le temps, c’est qu’elles ont été antérieurement, ou c’est qu’elles seront plus tard. Ainsi, Homère a existé jadis, et il y a une foule de choses qui seront dans l’avenir. Le temps renferme ces choses de l’une ou l’autre façon, et s’il les renferme des deux à la fois, c’est que ce sont des choses qui peuvent tout ensemble et avoir été dans le passé, et être encore dans l’avenir, comme tous les phénomènes réguliers de la nature. Mais, au contraire, pour les choses que le temps ne renferme pas, de quelque manière que ce soit, elles n’ont point été, elles ne sont pas, et elles ne seront jamais. Or, parmi les choses qui ne sont pas, celles que le temps ne renferme point sont celles dont les contraires sont éternels. Ainsi, par exemple, l’incommensurabilité du côté au diamètre étant une chose éternelle, le côté incommensurable au diamètre ne sera point dans le temps ; et, par suite, le côté commensurable n’y sera point davantage. Donc, éternellement, le côté commensurable n’est point, puisqu’il est contraire à une chose qui est éternelle. Mais toutes les choses qui n’ont point. ainsi un contraire éternel,