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sont renfermées par lui et y sont contenues. Il faut remarquer enfin que les choses sont affectées d’une certaine manière par le temps ; et le langage ordinaire le prouve assez ; car on dit que le temps détruit tout, qu’avec le temps tout vieillit, qu’avec le temps tout s’efface et tout oublie. Mais ce n’est pas le temps à lui tout seul qui accroît notre savoir ; et notre science ne se développe que par nos propres efforts plus ou moins longs ; le temps ne nous rajeunit pas ; le temps ne nous embellit pas, parce qu’en lui-même il est bien plutôt une cause de ruine et de dépérissement ; car il est le nombre du mouvement, et le mouvement transfigure et modifie tout ce qui est.

Une conséquence évidente de ceci, c’est que les choses éternelles, en tant qu’elles sont éternelles, ne sont pas dans le temps, et ne sont pas renfermées en lui ; leur existence n’est pas mesurée par le temps, et la preuve c’est qu’elles ne subissent aucune action de sa part, soustraites comme elles le sont à ses atteintes, parce qu’elles n’en font point partie.

Mais le temps, servant de mesure au mouvement, est par cela même la mesure du repos, bien que ce soit d’une manière indirecte, parce que le repos est dans le temps aussi bien que le mouvement. C’est qu’en effet, si ce qui est dans le mouvement doit nécessairement être mu, il n’en est pas tout à fait de même pour ce qui est dans le temps ; car le temps n’est pas le mouvement ; il n’en est simplement que le nombre ; et ce qui est en repos peut fort bien être dans le nombre du mouvement, si d’ailleurs il n’est pas dans le mouvement lui-même. La raison eu est qu’on ne peut pas dire indifféremment de toute chose