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XIX.


Le temps est donc la mesure du mouvement et de l’essence même du mouvement. Il mesure le mouvement en limitant et en déterminant une certaine quantité de mouvement qui sert ensuite à mesurer le mouvement total ; de même que la coudée, par exemple, sert à mesurer la longueur en déterminant une certaine dimension qui, reportée sur la longueur, sert ensuite à la mesurer tout entière.

Quand on dit du mouvement qu’il est dans un temps, on veut dire qu’il est mesuré par le temps, soit en lui-même d’une manière générale, soit dans ses espèces particulières ; car le temps mesure tout à la fois le mouvement, et toutes les nuances dont il est susceptible ; et, pour le mouvement, être dans un temps, c’est avoir son existence mesurée par ce temps. Cette considération, qu’on applique ici au mouvement, s’applique également à toutes ]es autres choses ; et, quand on dit qu’elles sont dans un temps, on veut dire que la durée de leur existence est mesurée aussi par ce temps. Être dans un temps ne peut signifier qu’une de ces deux choses : ou. bien être quand le temps est, et coexister avec lui ; ou bien être comme sont certaines choses dont on dit qu’elles sont dans tel ou tel nombre. Et même cette dernière expression peut avoir deux acceptions diverses : ou la chose est une partie et une propriété du nombre, et, d’une manière générale, un élément quelconque du nombre ; ou bien c’est le nombre même de cette chose. Mais, le temps lui-même étant un nombre, l’instant présent, le passé et l’avenir, avec toutes les subdivisions possibles dans ces trois grandes divisions, sont au temps ce que sont au nombre