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est la mesure et le nombre ; et réciproquement, le mouvement détermine le temps quand nous disons qu’il y a peu de temps d’écoulé ou beaucoup de temps d’écoulé, nous le mesurons par le mouvement qui s’est produit dans l’intervalle, de même qu’on mesure le nombre abstrait par les choses mêmes qui font l’objet du nombre. Ainsi, c’est par un cheval pris pour unité qui on mesure et que l’on compte le nombre des chevaux ; et si c’est ce nombre qui nous fait connaître la quantité totale de chevaux que nous considérons, réciproquement, c’est en considérant un seul cheval que nous connaissons le nombre même des chevaux. C’est là identiquement le rapport qu’on peut établir entre le temps et le mouvement, puisque nous calculons indifféremment le temps par le mouvement et le mouvement par le temps.

On en voit d’ailleurs très clairement la raison : c’est que le mouvement implique la grandeur parcourue, et que le temps implique le mouvement, de telle sorte que la grandeur, le mouvement et le temps sont tous les trois des quantités, des continus et des divisibles. C’est parce que la grandeur a telles propriétés que le temps a aussi tels attributs ; et ce temps ne se manifeste que par l’intermédiaire du mouvement. Aussi, on mesure indifféremment la grandeur parcourue par le mouvement, ou le mouvement par la grandeur parcourue ; car nous disons que la route est longue, si le voyage a été long ; et réciproquement, que le voyage est long, si la route a été longue. De même encore, nous disons qu’il y a beaucoup de temps, s’il y a beaucoup de mouvement ; et réciproquement, qu’il y a beaucoup de mouvement, s’il y a beaucoup de temps.