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ne peut pas dire qu’il est lent ou rapide, parce que le nombre nombrant n’a ni rapidité ni lenteur. C’est bien le même temps qui coexiste partout à la fois ; mais en tant qu’on y distingue antériorité et postériorité, le temps n’est plus le même, parce que le mouvement ou le changement, quand il est actuel et présent, est un et le même ; ce qui n’empêche pas le changement passé et le changement futur d’être différents. Il faut donc modifier ce que nous disions plus haut ; et si le temps est un nombre, ce n’est pas le nombre abstrait qui nous sert à compter, c’est le nombre concret qui est compté lui-même. Or, le temps ainsi compris est toujours différent, puisqu’on y distingue l’antérieur et le postérieur, et que les instants qui les limitent sont toujours autres. Mais le nombre est toujours un et le même, soit qu’il s’applique ici à cent chevaux et là à cent hommes. Il n’y a de différence qu’entre les choses dénombrées, puisque dans un cas ce sont des hommes, et que dans un autre cas ce sont des chevaux.

Un autre rapport entre le temps et le mouvement, c’est que tous les deux ils peuvent avoir des périodes identiques. Ainsi, le mouvement peut être un et le même parce qu’il se répète toujours par des retours réguliers dans une direction pareille ; le temps peut avoir aussi cette unité et cette identité, par le retour successif de périodes toutes semblables, une année, un printemps, un automne. Il faut ajouter encore que non seulement on mesure le mouvement par le temps, mais qu’on peut aussi et à l’inverse mesurer le temps par le mouvement. Le temps et le mouvement se limitent et se déterminent, mutuellement l’un par l’autre. Le temps détermine le mouvement, puisqu’il en