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une grandeur parcourue, et le temps suppose toujours le mouvement, de même que le mobile ou le corps qui se meut, et qui, par son mouvement, nous fait connaître le temps avec ses deux nuances d’antérieur et de postérieur, suppose toujours le point. Or, ce mobile, à un moment donné, est bien en réalité tout à fait identique, que ce soit d’ailleurs mi point qui se meuve, ou une pierre, ou telle autre chose ; mais, pour la raison, il est différent, parce qu’il occupe successivement différents lieux. C’est une opinion analogue que soutiennent les sophistes, quand ils disent que Coriscus dans le Lycée, est autre que Coriscus dans la place publique ; ce n’est pas qu’en effet Coriscus soit changé ; mais il est autre, en ce sens, qu’il est d’abord dans tel lieu, puis ensuite dans un lieu différent. Ainsi, l’instant est au mobile ce que le temps est au mouvement, et l’instant n’existe qu’autant qu’on peut dénombrer l’antérieur et le postérieur. C’est là, nous le croyons, l’idée la plus claire qu’on puisse se faire de l’instant. On perçoit le mouvement par le mobile ; le déplacement, par le corps déplacé ; car, le corps déplacé est matériellement une substance, tandis que le mouvement n’en est pas une ; ce corps est un sujet réel et distinct, et le mouvement n’est qu’un attribut. Ainsi, l’instant est en un sens toujours identique et le même, et en un autre sens il ne l’est pas, absolument comme le corps qui se dé-place et qui est autre uniquement par les diverses positions qu’il occupe successivement.

Il est clair, d’ailleurs, que si le temps ne peut se comprendre que par l’instant, à son tour l’instant ne peut se comprendre que par le temps. Cette relation est tout à fait réciproque ; et ces deux notions sont étroitement liées l’une à