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compris que quelque chose peut venir du non-être, et ils ne se seraient pas tant troublés d’une difficulté qui n’est que spécieuse.

On le voit donc : le premier livre de la Physique est presque entièrement polémique ; mais de cette polémique ressort la certitude de ce grand fait du mouvement, que des écoles plus audacieuses que raisonnables avaient ébranlé dans la croyance commune. Aujourd’hui la réfutation de telles doctrines nous semblerait bien peu utile[1] ; mais elle l’était au temps d’Aristote, et l’école d’Élée était encore assez puissante pour qu’il y eût opportunité à la combattre et à démontrer ses erreurs.

À cette affirmation du mouvement, succède dans tout le second livre de la Physique une longue définition de ce qu’Aristote entend par la nature. C’est, en effet, dans l’ordre de ses idées la première question qui se présente, puisqu’il identifie à peu près complètement le mouvement et la nature, que le

  1. « Le mouvement et ses propriétés générales sont le premier et principal objet de la mécanique. Cette science suppose l’existence du mouvement, et nous la supposerons aussi comme avouée et reconnue de tous les physiciens. À l’égard de la nature du mouvement, les philosophes sont au contraire fort a partagés là-dessus. » D’Alembert, Traité de Dynamique, édition de 1758, Discours préliminaire, page V.