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et elle l’est devenue. C’est un phénomène tout à fait analogue lorsque c’est l’air, au contraire, qui se change en eau ; car c’est tantôt la petitesse qui va à la grandeur, et tantôt la grandeur qui passe à la petitesse. C’est, au fond, le même phénomène, soit quand l’air qui est en grande masse se réduit à un moindre volume, soit, au contraire, quand la petite masse d’eau se développe et devient plus grande qu’elle n’était. La matière qui n’est qu’en puissance devient indifféremment grande ou petite, selon les causes agissent sur elle. Cette identité de matière subsiste également, soit que les changements soient absolus, soit qu’ils consistent dans un simple degré de force qui s’accroît. Ainsi, c’est la même matière qui de chaude devient froide, ou qui de froide devient chaude.

Mais c’est aussi la même matière qui, de chaude qu’elle est déjà, devient de plus en plus chaude, sans que rien y devienne chaud qui ne le fût d’abord, bien que le corps eût antérieurement moins de chaleur qu’il n’en acquiert. C’est toujours la matière qui dans l’un ou l’autre cas passe de la puissance à l’acte. Entre la chaleur initiale et la chaleur redoublée qui la suit, il n’y a pas plus de différence qu’il n’y en a entre un cercle plus grand qui rétrécit peu à peu sa circonférence et sa convexité, pour devenir plus petit, et entre le cercle plus petit qu’il forme. En effet, il n’y a pas dans ce cercle nouveau une partie quelconque qui acquière une convexité qu’elle n’aurait point eue auparavant, comme si elle passait du droit au convexe ; et, soit que la circonférence reste la même en se rétrécissant, soit qu’on suppose une circonférence nouvelle, il n’y a pas d’interruption, et le passage de l’un à l’autre état se fait sans solution de continuité. De même,