Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/344

Cette page n’a pas encore été corrigée

fluctuation jusqu’aux extrémités du ciel ; qu’une égale quantité d’air devrait se changer en eau quelque part ailleurs, pour que le volume total de l’univers restât toujours le même ; ou bien enfin il faudrait conclure que le mouvement est impossible. Si l’on dit que la compression n’a pas lieu, même quand le corps se déplace, parce qu’il aurait une rotation circulaire, je réponds que le déplacement par rotation circulaire n’est pas le seul qu’éprouvent les corps, et qu’il resterait toujours à expliquer les mouvements en ligne droite, qui sont au moins aussi nombreux que les mouvements en cercle. Telles sont à peu près les raisons qui ont déterminé quelques philosophes à soutenir l’existence du vide. Quant à nous, nous n’hésitons pas à la nier ; et, pour justifier notre opinion, nous rappellerons quelques-uns des principes que nous avons posés plus haut.

La matière est la même pour les deux contraires ; c’est une seule et même matière qui est tantôt froide et tantôt chaude, en un mot, qui reçoit les contraires naturels. Ce qui est en acte vient de ce qui est en puissance ; la matière n’est pas séparée des qualités qui l’affectent, bien que son être soit différent ; et elle est essentiellement et numériquement une, sous la variété des qualités, soit dans l’ordre de la couleur, soit dans l’ordre de la température ou dans tout autre. Par conséquent, la matière d’un corps reste identique, que ce corps soit grand ou petit. Par exemple, quand l’eau se change en air, et que sous cette forme elle tient beaucoup plus de place, ce n’en est pas moins la même matière qui s’est modifiée sans rien recevoir d’ étranger ; il n’y a eu là qu’une transformation et lui passage de la puissance à l’acte. L’eau pouvait devenir air,