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rien ne naît, rien ne périt. » C’était nier toute génération ; et, de cette façon encore, l’unité de l’être impliquait nécessairement son immobilité. La théorie de la matière et de la forme explique cela sans la moindre peine. Sans doute, rien comme on le dit, ne vient du non-être ; mais une chose devient ce qu’elle n’était pas ; subsistant dans sa matière, elle change dans sa forme ; le contraire que supposait la privation prend la place du contraire réel qui disparaît après avoir été ; et ce nouvel attribut sort, si ce n’est absolument, tout au moins d’une façon indirecte, de la privation, qui est en soi le non-être. La chose n’est pas ce qu’elle devient, précisément parce qu’elle le devient ; mais c’est de ce qu’elle n’était pas qu’elle tire la forme nouvelle qu’elle reçoit. La génération ainsi conçue suppose l’être ; elle est alors toute relative, car c’est le simple changement d’un contraire dans un contraire. Mais la génération absolue ne suppose pas moins l’être que la génération relative d’une qualité ; un être vient toujours d’un être antérieur, et c’est, par exemple, l’homme qui engendre l’homme. Grâce à cette distinction, qui est à peu près celle de l’acte et de la puissance, les anciens philosophes auraient