Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/338

Cette page n’a pas encore été corrigée

c’est, là une impossibilité manifeste ; donc, si l’on suppose qu’il faut un certain temps à un corps quelconque pour traverser le vide, on aboutit à cette absurdité qu’un corps traverse indifféremment, dans le même temps, le plein et le vide. Ce qui est vrai, c’est qu’au lieu du vide il faut toujours supposer un corps qui est à l’autre corps dans la même relation de légèreté ou de pesanteur que le temps est au temps ; mais, dans le vide, il n’y a rien de pareil. Pour résumer toute cette discussion sur la rapidité plus ou moins grande du corps, selon les milieux traversés, nous dirons que cette conclusion à laquelle nous aboutissons en ce qui concerne le vide, tient à ce qu’entre deux mouvements qui se passent l’un et l’autre dans les temps finis, on peut toujours établir une certaine proportion, tandis qu’entre le plein et le vide, il n’y a pas de proportion possible. Mais je ne veux pas pousser plus loin ces considérations sur la différence des milieux traversés, et leur influence pour accélérer ou ralentir le mouvement des corps qui les traversent.

Je passe à la différence des corps eux-mêmes selon qu’ils sont plus légers ou plus denses, et qu’ainsi ils ont un mouvement plus rapide ou plus lent. Il faut remarquer d’abord que, selon que les corps ont plus ou moins de pesanteur, leurs conditions de forme restant d’ailleurs les mêmes, ils parcourent plus ou moins rapidement une même étendue, et qu’ils la parcourent dans le rapport même où sont entr’elles les différences de pesanteur ou de légèreté. Par conséquent, ils la parcourraient également dans le vide. Mais c’est là ce qui est impossible ; car quelle cause dans le vide pourrait accélérer le mouvement ? Dans le plein, on comprend bien cette accélération ;