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porte un char. Il ne serait pas moins difficile de dire, le vide étant admis, comment un corps pourrait s’y arrêter, une fois qu’il aurait été mis en mouvement. Pourquoi, en effet, s’y arrêterait-il ici plutôt que là ? Par conséquent, ou le corps restera nécessairement toujours en repos dans le vide ; ou, s’il y est une fois en mouvement, ce mouvement ne finira jamais, à moins que quelqu’obstacle plus puissant ne vienne à l’arrêter. Ce qui fait croire à ces philosophes que les corps sont portés dans le vide, c’est que l’air cède devant eux ; mais le même phénomène se produit à plus forte raison dans le vide, qui cède dans tous les sens à la fois ; et ce serait aussi dans tous les sens indifféremment que les corps pourraient s’y mouvoir. Or, c’est là ce qui est tout à fait contraire aux lois de la nature, qui donne au mouvement de tous les corps, selon leur pesanteur ou leur légèreté, une direction qui n’a rien d’arbitraire.

Aux considérations qui précèdent, on peut en ajouter encore quelques-unes qui achèveront de prouver que le vide ne peut pas exister. Évidemment, quand un corps de même nature reçoit un mouvement plus rapide, cela peut tenir à deux causes, ou au milieu qu’il traverse, ou au corps lui-même. Si le milieu est de l’air, par exemple, le même corps s’y meut plus vite que s’il avait à traverser de l’eau ou de la terre ; et, en second lieu, si toutes les antres conditions, restant d’ailleurs égales, le corps devient plus lourd ou plus léger, son mouvement varie de rapidité dans la même proportion. Le milieu que le corps traverse l’arrête le plus possible, quand il a lui-même un mouvement en sens contraire à celui du corps ; et, ensuite, quand ce milieu est immobile. La résistance s’accroît